Le refus
Adaptation et mise en scène de Jean Quercy
d’après l’oeuvre de Jean Moulin et de Ferdinand Oyono
Avec Mukuna Kashala, Frédéric Laurent, Robert Nana, Betty Bussmann, Eric Auvray, Paulin Fodouop, Jules E. Eyoum-Deido, Gérard Probst
Présentation
Le Spectacle
Le point de départ du spectacle « LE REFUS » est le premier acte de résistance de Jean Moulin, raconté par un griot aux habitants d’un village africain :
Juin 1940 Jean Moulin décide de ne pas se replier et de rester à son poste à la Préfecture de Chartres. Il veille aux bonnes conditions d’accueil et d’hébergement des habitants et des réfugiés et il attend l’ennemi. « Tenir bon pour maintenir un minimum d’armature sociale ». Les nazis se mettent en tête d’imputer des massacres de civils aux troupes africaines qui leur résistent et défendent la France. Jean Moulin refuse de cautionner cette propagande. Enfermé dans une cellule avec un tirailleur sénégalais, il tente au cours de la nuit, de se trancher la gorge pour ne pas céder.
A la fin des années 50 en Haute Volta le vieux Meka est décoré en l’honneur de ses fils morts pour la France. Il est rempli d’une grande fierté mais il comprend vite les limites des manifestations d’amitié des autorités coloniales qui l’ignorent dès la remise de décoration terminée. Abusant des boissons de la réception, il est ramassé par une patrouille qui le brutalise et l’enferme au poste pour la nuit. Parti de chez lui en héros, il rentre humilié en jurant de ne plus jamais chercher à fréquenter les hommes blancs. Le griot du village adoucit son amertume en lui faisant revivre la rencontre dramatique de son fils aîné et de Jean Moulin le 17 juin 1940.
Pourquoi ce spectacle aujourd’hui ?
Le spectacle est construit sur la rencontre de deux univers très différents, celui de Jean Moulin et celui de Ferdinand Oyono.
Le livre de Jean Moulin est un journal, reprenant heure par heure les événements vécus par son auteur à Chartres du 14 au 18 juin 1940. Le récit est sobre, sombre. Il fait découvrir l’état de décomposition de la société française de l’époque. Il décrit aussi la violence des premiers coups de la barbarie nazie dans notre pays.
Le récit de Ferdinand Oyono déborde de vie. C’est un roman, mais qui s’appuie sur les faits de la colonisation française en Afrique. C’est un texte où le rire tend à éclater à chaque instant et balaie, dans la scène finale, l’amertume des injustices de cette colonisation.
LE REFUS met en relation deux histoires qui se répondent à travers le temps, les lieux et les cultures. Il est construit sur un mélange joyeusement explosif.
Mais au-delà du plaisir que nous procurent la réunion de ces textes particulièrement originaux et le jeu d’une troupe débordante de vitalité, pourquoi monter le REFUS aujourd’hui ?
En août 2004, nous avons vu enfin la République rendre solennellement hommage à des hommes d’Afrique, à l’occasion de la commémoration du Débarquement de Provence. Cet hommage était légitime et bien venu même s’il était tardif. Mais au-delà de l’hommage, que reste-t-il dans notre mémoire collective de faits survenus il y a 60 ans ?
Il est frappant qu’au sein de notre pays des hommes et des femmes de bonne volonté se côtoient en ignorant largement le passé et l’histoire de leur voisin, malgré la part commune dans la reconstruction de notre liberté.
Les fils et filles de l’immigration ont su, même si certains ne le savent plus aujourd’hui, que la génération de leur grand-père a porté les armes pour défendre la France en 1940, 1943 et 1944, que certains d’entre eux sont morts sous les balles françaises à Thiaroyé, que les autres ont vu le montant de leur retraite « gelé » depuis 1959. J’ai été frappé par le fait que ces faits restent gravés dans la mémoire de beaucoup de français d’origine africaine. Qui le sait aujourd’hui parmi les français « de souche » ?
Les enfants de la France libre (nous tous j’espère et pas seulement les descendants des Forces françaises libres et des résistants) peuvent être fiers que des français de tous milieux et de toutes les régions aient caché et protégé des personnes persécutées pendant la guerre. Parmi celles-là il y a eu des soldats africains qui ont ainsi échappé aux massacres commis par les nazis et à la captivité. Ils devraient savoir que Jean Moulin s’est coupé la gorge en juin 1940 pour ne pas accuser les tirailleurs sénégalais de prétendus massacres de civils. Combien d’enfants de l’immigration le savent-ils ?
Il y a pourtant matière à être fier de ces racines, cette histoire commune et de cette fraternité. Moins de la façon dont on a remercié nos frères d’armes ensuite.
Le REFUS participe à un travail de mémoire. Il rappelle la dette des générations actuelles vis à vis d’une partie de leurs aînés des années 40. Il est aussi l’occasion de redécouvrir des motifs de fraternité au sein de notre société multiculturelle.
La démarche
Le spectacle a été créé au Lavoir Moderne Parisien (LMP – Paris 18ème)
en novembre 2005, Il a été joué ensuite :
- au Musée Jean Moulin Mémorial Leclerc (Paris 15ème)
- au Théâtre des Asphodèles (Lyon 3ème) à l’occasion de TRACES 2005 Forum régional des mémoires d’immigrés.
- au Théâtre Silvia Monfort (Paris 15ème)
- à l’Espace Soutine (Agglomération de Chartres)
- au Vingtième Théâtre
- à la salle des fêtes de Chasselay (69)
Partenaire de la compagnie depuis 1999, le Musée Jean Moulin -Mémorial Leclerc a une dimension symbolique forte par rapport au spectacle, puisque ce musée de la Ville de Paris a pour fonction de faire connaître la vie et la personnalité de Jean Moulin d’une part, du général Leclerc et ses compagnons de la 2ème DB d’autre part. Et on sait que cette armée fut composée pour plus de la moitié de troupes africaines.
les partenaires du projet
Le spectacle est soutenu par le Musée Jean Moulin de la ville de Paris avec lequel la compagnie a noué des relations de travail régulières et confiantes depuis la création de « L’ETRANGE DEFAITE », d’après l’oeuvre de Marc Bloch.
Le REFUS est financé par :
- la Ville de PARIS, (Délégation à la mémoire du monde combattant et Délégation à l’intégration), déjà partenaire de « L’ETRANGE DEFAITE »
- le FASILD Ile de France et Rhône Alpes (Fonds d’action et de soutien pour intégration et la lutte contre les discriminations) qui, dès le début du projet, a marqué son intérêt pour la démarche de notre compagnie et nous a apporté son conseil et ses contacts
- Les Amis de Présence Africaine
Les auteurs
LE REFUS est une adaptation par Jean QUERCY de deux textes différents :
« Premier combat » écrit par Jean MOULIN au début 1941 et publié en 1947
« Le vieux nègre et la médaille » de Ferdinand OYONO publié en 1956
JEAN MOULIN
Né à Béziers en 1899, mort probablement dans un convoi de déporté en 1943, Jean Moulin fit une carrière dans l’administration préfectorale entre les 2 guerres (secrétaire général de la Somme, préfet de l’Aveyron puis d’Eure et Loir).
Il fait partie du cabinet de Pierre Cot, ministre de l’Air en1932 et en 1936.
Resté à son poste à Chartres en 1940 lors de l’arrivée des allemands, il se tranche la gorge pour ne pas signer un document diffamant les troupes sénégalaises.
Révoqué le 4 novembre 1940, il entre dans la clandestinité et rejoint le général De Gaulle à Londres. Celui-ci le charge d’unifier les mouvements de résistance en France. Président du Conseil National de la Résistance, il est arrêté en juin 1943.
« Premier combat » est le seul ouvrage rédigé par Jean Moulin. Il s’agit du journal personnel du Préfet de Chartres durant les journées d’exode de juin 1940.
Durant ses loisirs, Jean Moulin dessinait. Il a laissé de très nombreuses caricatures et aquarelles. Il fréquentait les artistes parisiens, dont Max Jacob.
FERDINAND OYONO
Né en 1929 au Cameroun, Ferdinand Oyono fait des études primaires et secondaires en Afrique avant de venir en France pour passer son baccalauréat et suivre des cours de droit.
De retour au Cameroun, il mène une carrière de diplomate (ambassadeur en France, Italie, Tunisie, Maroc, délégué permanent à l’ONU).
Il fut ministre de la Culture du Cameroun pendant 13 ans.
Pendant les années 50, Ferdinand Oyono a écrit plusieurs romans qui ont trait à la vie quotidienne en Afrique à l’époque coloniale : Une vie de boy, Le vieux nègre et la médaille et Chemin d’Europe.
Jugés subversifs par l’administration coloniale, ces ouvrages vaudront au père de Ferdinand de devoir quitter l’administration locale.
à découvrir
Presse et soutiens
l’équipe
Mukuna KASHALA
Frédéric LAURENT
Robert NANA
Betty BUSSMANN
ERIC AUVRAY
Paulin F. FODOUOP
Jules E. EYOUM-DEIDO
Gérard PROBST
Mukuna KASHALA
Formé à l’Institut national des Arts de Kinshasa, il est responsable artistique dès 1980 de la troupe Maisha et joue et met en scène Ngando, Igname mystérieuse, Les mamelles, Kadandé, Le maître d’école, Petit mari, Le cercueil de Maka-Kouli, Monsieur Thogo Nini, Le maître des Djinns. En 1984, il se fixe en France et joue dans La vie de Robert le Diable.
à l’Atelier lyrique du Rhin, Les joyeuses et horribles narrations du Père Duchesne – Star Théâtre 1989, Alors l’apartheid c’est fini -1990, Garde à vue au Théâtre 13 -1991, Rhinocéros produit par l’American Drama Group 1992, Les corps simples au Théâtre de l’Eclipse 1993, Gavroche au Théâtre de Chaillot 1994, La fille aux pieds d’argile à l’Agora d’Evry et tournée 1996, A la porte au Théâtre Firmin Gémier / Théâtre 13 en 1997, Moussos ou la flûte oubliée en 1998 et Othello en 2000 – productions du TJP Strasbourg.
Frédéric LAURENT
Diplômé du Conservatoire royal de Bruxelles en 1993, il suit des stages avec Jean Claude Penchenat, Philippe Adrien, François Rancillac, Jean Pierre Miquel, Tony Cafiero.
Il joue dans Un autre pays -1989, La balade du Grand Macabre -1992, Colette et Moreno -1993, Noces de Sang, mes Frédéric Dussenne en 1993, Un ciel sans nuages -1994, Le Menteur, Sophonisbe et L’illusion comique, mes Jean Marie Villegier en 1994, 1995 et 1997, Comme il vous plaira, mes Jacques.
Lasalle en 1996, Dommage qu’elle soit putain -1998, Les métamorphoses de Psyché – JM Villegier et W. Christie 1999, Othello mes Pierre Laroche en 2001, L’Avare mes Didier Lafaye en 2004.
A l’écran, il joue dans Le trajet de la foudre en 1995 (réal Jacques Bourton), Un crime parfait – Commissaire Cordier (réal. Van Effenterre).
Robert NANA
Comédien, Conteur, Percussionniste, il intervient à la fois en France et au Burkina Faso.
En Afrique il participe aux spectacles de la compagnie Feeren : Sonsani et Surugu (conte pour enfant), Marafootage, Seigneur des anneaux (pour enfants), Oedipe roi ou un tragique Sahélien, Le roi Silure.
Il anime des ateliers culturel et artistique pour les enfants et des ateliers création dans les lycées et collèges ainsi que l’émission « Espace enfants » à la télévision nationale du Burkina.
En France il anime également des ateliers de théâtre en milieu scolaire. Il intervient comme conteur dans les écoles, les bibliothèques, les festivals de contes. Il est membre de l’atelier des conteurs professionnels FAHRENHEIT 451 du centre de la littérature orale à Vendôme.
Betty BUSSMANN
Formée à partir de 1988 au travail sur les textes classiques avec Ophélia Teillaud et Marc Zammit, elle travaille avec Chantal Trichet sur l’improvisation et le personnage du clown. Elle suit les stages de Claude Buchvald et de Stanislas Nordey.
Elle joue dans La mort de Danton (mes O. Teillaud et M. Zammit 1993), Molière, l’amour toujours (mes O. Teillaud 1995), Tompouce raconte (Mes Malika Ramdani 1997), les Paravents (mes C. Trichet 1998), Dans le silence limpide de la sieste des hommes (mes Vénorique Ruggia 2001).
Formée au chant Gospel, Jazz et variétés, elle participe aux spectacles musicaux Tom Sawyer – 2002, Fourmi rousse 2951 -2004 et Hotel Dorothy Parker -2005.
Eric AUVRAY
Comédien formé à l’Ecole Nationale Supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT) de 1977 à 1980, il travaille notamment avec J.P. Rossfelder, Jacques Mornas, Jean Gillibert, Christian Freygnet, Emmanuelle Weisz, Bruno Netter, Jean Quercy, Gilbert Ponte dans les spectacles suivants : La nuit de Molière, Le Nid, Dialogue, Echanges océaniques, Le Refus, Monsieur Vieil Ours visite le monde, L’Avare de Molière.
Il met en scène notamment :
Le Transsibérien de Blaise Cendrars
« Apéritif dinatoire »
« Le bar sous la mer »de Stéfano Benni
« Premier combat »avec Jean Paul Zenacker
« Astoria »de Jura Soyfer. AIDE A LA CREATION DE LA DMDTS.
« Le condamné à mort »de Jean Genet.
« Une Noce »de Tchekhov, théâtre du Nord-Ouest
« Portrait d’un homme de dos »Maison de la Poésie, Opéra de Lyon
« Max, pénitent en maillot rose »Maison de la poésie, Les tombées de la nuit à Rennes
« La vie est un hymne à deux voix » à Milly Lamartine
« Borges »avec Denis Lavant et Christian Manoury
Actuellement, il enseigne la pratique théâtrale à Sciences-Po.
Paulin F. FODOUOP
Ancien élève de l’ENSATT (1991-1993), il a travaillé au théâtre avec Thierry Deperetty sur Quai Ouest -Théâtre de la Plaine 1992, France Rousselle dans Melite de Corneille – Paris Villette 1993, Jacques Kraemer dans le Délinquant – Avignon 1993, Jean Jacques Grinevald dans le Misanthrope- La Main d’or 1994, Xavier Marcheschi dans France parle – Studio Théâtre de Stains 1994 et dans L’ours, Tola Kokoui dans Britannicus – Cotonou et TILF 1995, Nadine Varoutsikos dans Le petit frère du rameur – Epinay 1997, P. Rambert dans
Race – TGP 1999, Alain Ollivier dans Les nègres -Studio théâtre de Vitry et TGP 2001-2002, Philippe Adrien dans L’ivrogne dans la brousse – Tempête 2002 puis tournée.
Au cinéma, il joue dans Tabataba de François Koltes, Tonny le champion de M. Acerbo, Clando de Jean Marie Teno – 1996, Sahara de B. Eisner -2004.
Jules E. EYOUM-DEIDO
Ancien élève du Cours Simon et de Véra Gregh, il a travaillé au théâtre avec Romulad Sciora dans la Cerisaie en 1993, Claude Yersin sur l’Enfant d’Obock – 1994, Antonio Arena dans « La femme sur le lit » , Jacques Nichet dans la Tragédie du Roi Christophe – 1996, l’opéra Oedipus Rex monté par Bob Wilson en 1996, Combat de nègres et de chiens mis en scène par Philippe Goyard en 1997, Les Eumenides Terra incognita mis en scène par A. Arena en 2003 et Ravages mis en scène par Cécilia Furt en 2004.
Au cinéma, il joue dans Rue des sans papiers d’Alain Carville, Sitcom de François Ozon.
Gérard PROBST
Ancien élève du cours Simon (1965-1969), il a suivi des stages d’Ariane Mnouchkine, Jacques Lecoq, Blanche Salant, Catherine Dasté, Carlo Boso.
Au cinéma et à la télévision, il a interprété La nouvelle tribu de Roger Vadim, Le siècle porcelaine de Pascal Magontier, Le paquebot Tenacity de Jacques Rutman, Clémence Aletti de Peter Kassovitz, Sang à l’heure de Nicole André, La peur des autres d’Alain Desnaut.
Au théâtre, il interprète Le roi Arthur dans Les chevaliers de la table ronde, Beaumarchais dans Le verdict, Le docteur Basseti dans L’art de la Comédie. Il joue dans Fête de Mrozeck, La collection de Pinter.